Organiser des temps d’échange pour parler de mobilité, pour quoi faire ?

par Ismael Canoyra | BAM Agitateur de mobilité | Février 2023


D’accord, oui, je l’admets, le titre de cet article est un peu provocant. Mais sincère. C’est une question que nous nous sommes toutes et tous posée, nous qui travaillons ou qui nous sommes lancé.e.s dans l’aventure d’organiser des temps d’échange pour parler de mobilité. Pour quoi faire ?

Organiser un débat, une table ronde, des ateliers de co-construction, la projection d’un film, un workshop (si nous préférons les termes modernes, ou un atelier collaboratif si nous préférons notre côté traditionnel), inviter un.e expert.e, ou tout autre variante de temps d’échange, exige des efforts, des ressources et du temps. Oui, surtout cela demande du temps. Ce temps béni qui, trop souvent, nous échappe des mains et qui se mélange si bien avec les verbes prendre et perdre.

Pour ne pas créer des suspenses inutiles, et pour que vous puissiez continuer à lire cet article (si vous le souhaitez, bien sûr), en toute connaissance de cause, ma position est claire. Je me déclare un ardent défenseur de prendre le temps d’organiser des temps d’échange dans n’importe laquelle de ses variantes pour parler de mobilité. Et si c’est pour parler de mobilité responsable, c’est encore mieux.

Oui, il est vrai aussi qu’à plus d’une occasion, nous pouvons avoir l’impression de perdre notre temps avec ce genre d’événements. Oui, c’est vrai. Parfois, nous pouvons nous sentir non loin du « parler pour parler », sans plus. Et, parfois, c’est peut-être le cas.

Mais, créer des temps d’échange pour parler de mobilité, même dans le cas du « parler pour parler », est une occasion de donner la parole aux usagers, aux technicien.ne.s, aux expert.e.s. L’occasion de confronter idées et visions, d’exposer des propositions et d’argumenter. Ce n’est pas seulement « parler pour parler » c’est prendre le temps d’expliquer, d’écouter, d’informer, de débattre, de fidéliser. Faire société autour de la mobilité.

Et si nous construisions une Culture de la Mobilité responsable ?


Il y a quelques jours, BAM a eu l’honneur d’être invitée au « Climat Libé Tour » lors de son passage à Bordeaux, pour intervenir auprès d’une quarantaine de jeunes de 18 à 25 ans et leur parler de mobilité, leur expliquer la notion de responsabilité dans la mobilité, leur présenter le travail que nous développons chez BAM et les accompagner dans un atelier de réflexion.

Le temps d’échange pour parler de la mobilité est un outil très utile pour atteindre toutes les parties prenantes de la mobilité. Il permet d’informer [...] de faire émerger des idées, de partager une vision, de débattre des questions d’actualité [...] de promouvoir le changement.

Belle expérience qui, loin de nous faire perdre notre temps, nous a permis d’écouter et de débattre avec un public non expert, mais usager de la mobilité, et avec une multitude de questions sur qui "fait" la mobilité ? Comment celle-ci s’organise-t-elle ? Et surtout, sur sa mise en œuvre "responsable" concrètement.

Le temps d’échange pour parler de la mobilité est un outil très utile pour atteindre toutes les parties prenantes de la mobilité. Il nous permet d’informer et d’impliquer celles-si dans la construction de la mobilité de notre territoire, de faire émerger des idées, de partager une vision, de débattre des questions d’actualité en mobilité et, bien sûr, de promouvoir le changement.

En définitive, multiplier ce type d’événements, que ce soit pour une salle pleine ou pour un petit groupe d’intéressé.e.s, prendra du temps et des ressources. Parfois, ce sera "parler pour parler", mais peu à peu, ils poseront les bases d’une Culture Mobilité responsable nécessaire pour "comprendre" la mobilité, ses défis, ses temps et ses besoins. Une Culture Mobilité nécessaire pour tracer les ponts entre la vision individuelle propre à chacun de nous, puis son organisation et sa projection collective. Et, ce sera également nécessaire pour créer des liens entre les différentes parties prenantes de la mobilité. Fidéliser autour d’un projet de mobilité dans lequel, trop souvent, nous sommes confronté.e.s à une opposition au changement et/ou à l’absence de soutien par incompréhension.

D’ici, je ne peux que vous inviter à organiser des temps d’échange pour parler de mobilité. Et si l’organisation de tels événements n’est pas la plus remarquable de vos multiples qualités, n’hésitez pas à vous appuyer sur des associations ou d’autres structures qui pourront vous aider à les monter. Parce qu’à la fin, prendre le temps ou perdre du temps, c’est simplement une question de changer la position de certaines lettres pour trouver le sens des choses.

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